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© Miroslav Tichy
elle la regarda —mais d'un regard pour lequel le mot
regarder est déjà trop fort—, regard merveilleux qui voit sans se poser de questions, qui voit, c'est tout — un peu comme deux choses qui se touchent — les yeux et l'image — un regard qui ne
prend pas mais qui
reçoit, dans le silence le plus absolu de l'esprit, le
seul regard qui vraiment pourrait nous sauver — vierge de toute demande, encore non entamé par le vice du
savoir — seule innocence qui pourrait prévenir la blessure des choses quand elles pénètrent dans le cercle de nos sensations — voir — sentir — car ce ne serait plus qu'un merveilleux face-à-face, un
être-là, nous et les choses, et dans les yeux
recevoir le monde tout entier — recevoir — sans aucune demande, et même, sans étonnement — recevoir — rien d'autre — recevoir — dans les yeux — le monde.
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la miró —pero con una mirada para la que la palabra
mirar es ya demasiado fuerte — mirada maravillosa que ve sin preguntarse nada, que ve, esto es todo — un poco como dos cosas que se tocan — los ojos y la imagen — una mirada que no
toma sino que
recibe, en el más absoluto silencio del espíritu, la
única mirada que podría salvarnos de verdad — virgen de cualquier demanda, aún no mordida por el vicio del
saber— única inocencia que podría prevenir la herida de las cosas cuando penetran el círculo de nuestras sensaciones — ver — sentir — porque ya no sería más que un maravilloso cara a cara, un
estar-aquí, nosotros y las cosas, y en los ojos
recibir el mundo entero — recibir — sin ninguna demanda, e incluso, sin extrañamiento — recibir — nada más — recibir — en los ojos — el mundo.
[© Alessandro Baricco /
Océan mer]
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