lunes, 29 de marzo de 2010

ginkgo 3 [écriture automatique]

© mgab. / ginkgo 3. du petit livre inachevé du ginkgo biloba.





la robe folle d'une danseuse et les festons de l'air dans ses replis et ses godets comme des fées tissant la musique de la tramontane quand elle passe sur les chênes et que les noisetiers tremblent dans les bois, que les feuilles chuintent comme de l'or liquide entre les chemins de terre brune, que les branches se courbent comme des violons, envie de pleurer et de sourire avec les nuages et leurs ombres passantes entre les troncs rugueux où s'effilochent les bruits des fourmis et des taupes / la robe folle d'une danseuse qui fuirait aussi entre les ombres sources et les feux follets qu'allume un soleil blond et chatouilleux, et que je verrais passer sans les regarder dans les souffles de mon coeur fatigué sans ton regard sur lui, le désespoir de la plénitude où je me loge comme une autre intruse / la robe folle d'une danseuse et la friture sablée de son jupon qui frotte tendrement les mollets blancs et chauds et l'aident à tendre sous la musique blanche les fils blonds d'un réseau de cordes raides où flottent des équilibristes soyeux et fous, glissent leurs pieds-chaussons comme sur un fil de verre liquide aux sonorités d'oiseaux rares et de pleurs d'enfants / la robe folle d'une danseuse comme tes petits pas d'encre bleue sur les lignes imaginées d'un cahier de vie et de rires, d'histoires pour me faire peur et bonheur et tracer d'une plume d'air des signes d'émoi, de toi à moi, du dialogue muet et criard à la fois, rose, ajouré d'enfance et d'âges pas encore vêcus, tâtonnant dans l'obscurité des songes où je palpe et lèche ta peau de mandarine, couleur café et odeur de brumes tropicales, salée jusque dans l'obsession du désir / la robe folle d'une danseuse que le prince prit par le petit doigt et amena jusqu'au ciel pour lui montrer les estampes japonaises de son lit à baldaquin, deux sous le ciel azuré de soie et de lin, des étoiles dessinées sur le firmament blanc d'organdi bruissant sous la brise de la fenêtre ouverte sur le jardin, balcons sur la mer, sud ébloui d'une île inventée sans horizon et sans arbres, herbes de salître où se perdent les sons de tous les pas et les dentelles que tracent les pieds des derviches, tournant dans l'éblouissement du jour, jusqu'au soir fuyant dans le rouge du ciel enflammé / la robe folle d'une danseuse que tu connaîtrais dans les bars vulgaires du port, où les marins, bras nus et tatouages bleus, lui toucheraient le cul pour dire que c'est bon, que c'est à eux, que les femelles sont la porte mystérieuse de l'univers et que l'évasion de l'alcool ramène toujours à leurs gros seins et à leurs rondes fesses, panse généreuse du monde oú s'enfantent les humeurs sanguines des crimes de passion, les délires de l'oubli et les mirages de la possession, le cri sanglant de la rupture, la peur insurmontable de toutes les solitudes / la robe folle d'une danseuse, l'éventail projeté dans l'air chaud de velours jaune et mat, les côtes de melon qui parfument la salle ouverte au vent Pacifique, au brouillard suffoquant qui noie les sons et les couleurs de la journée finie et dure, l'étouffement de la nuit plongé dans la peur du ciel plombé de nuit sans étoiles, le sommeil pleurant la sueur du travail laissé pour demain et qui s'éveillera déjà essouflé et heurté de grincements humides / la robe folle d'une danseuse plongée dans la fraîcheur marine de ta voix, accroupie sous la tranquilité de tes caresses, pelotonnée au fond tout au fond de ta main qui dresse une barrière menue et presque impuissante, si puissante, entre le froid et son front de neige et de rose, quelque chose qui rappelle tous les plis feutrés d'une robe se dépliant sur le fond paisible des nuages et des forêts, des vagues, des vaches dans le pré, de l'enfant qui étudie et de l'ombre qui vit.




... la falda loca de una bailaora a quien conocerías en los bares vulgares del puerto, donde los marineros, brazos desnudos y tatuajes azules, le tocarían el culo para decir que está bueno, que es suyo, que las hembras son la puerta misteriosa del universo y que la evasión del alcohol devuelve siempre a sus gordas tetas y sus nalgas redondas, panza generosa del mundo donde se alumbran los humores sanguinos de los crímenes pasionales, los delirios del olvido y los espejismos de la posesión, el grito sangriento de la ruptura, el miedo insoportable a todas las soledades...


[extracto]





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