© mgab. / du Petit livre inachevé du Ginkgo Biloba, page deux.
d'où me vient cette obsession pour le fil, le geste de coudre, l'attache ténue d'un brin de coton? de ma famille sans doute, de cette enfance entre toiles et coutures, broderies et arabesques de revues, reprises et points d'or; silences assis au jardin, à la cuisine, à l'atelier; lumières sur les moires, les taffetas, les shantungs; patiences sur les nappes de fil, sur les camaieus de couleurs, sur les robes du soir faufilées et déjà féériques, sur les batistes immaculées, sur le passe-poil des gilets; enivrement des odeurs d'empesage, des draps amidonnés, de la vapeur silencieuse des salles où on repasse les oeuvres d'art...
[à Bonne-Maman, à Tatie, à Maman]
de dónde me viene esa obsesión por el hilo, el geste de coser, el lazo tenue de una brizna de algodón? de mi familia sin duda, de esa infancia entre telas y costuras, bordados y arabescos de revistas, remiendos y puntadas de oro; silencios sentados en el jardín, en la cocina, en el taller; luces sobre los moirés, los tafetanes, los shantungs; paciencias sobre los manteles de hilo, sobre los camaieus de colores, sobre los vestidos de noche hilvanados y ya mágicos, sobre las batistas inmaculadas, sobre el ribete de los chalecos; embriaguez olorosa del almidonado, de las sábanas acartonadas, del vapor silencioso de las salas donde se planchan las obras de arte..
[a mi abuela, a mi tía, a mi madre]
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