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Je suis venue admirer les camélias et les pivoines et j’aperçois les petites fleurs d’ail et les dicentras blanchir à l’ombre des somptueux pétales, du pâle aux roses forts, aux blancs de porcelaine dont les débris rouillés dorment entre l’humus ou bien en acrobate sur des branches baissées jusqu’à l’extrême, entre deux gouttes de soleil dernier.
Une plante dont j’ignore le nom déborde son haleine sur toutes les allées, des fleurs menues qu’on croirait plus sobres. On voit passer des vieux, elle à qui on donne la main comme une autre vie mais qui penche toujours, prête à la chûte, comme quand lui ne sera plus là. On dirait que déjà ils ne sont plus, face à ces jeunes habillés de noir dont la peau blanche les révèle citoyens du goudron ou de la nuit.
L’oasis des plantes rares abrite aussi le sifflement des merles et la cour maladroite des pigeons, et une porte italienne qui la sépare du roulement moelleux des roues sur les pavés. Il n’y a que les fontaines à rappeler l’hiver, le même bruit de l’eau éparpillée sur quelques feuilles mortes de pluie, jusqu’à ce qu’un enfant les dérange du doigt: les enfants ne viennent qu’au beau temps.
Il y a des fèves et des bettes, et des feuilles géantes et pointues qui s’aventurent dans les allées, des groseillers et quelques plantes d’artichauts, chardons acclimatés et polis, un prunus persica et un arbre d’amour en duel de roses, et aussi un gentilhomme grave au nom rongé qui tend trois roses de pierre à une impossible amante.
Le jardin est un creuset de murmures et de cris aigus, de poursuites et de pas presque cachés, de solitudes abritées dans la tiédeur du jour.
Un magnolia chinois s’éplore en longues larmes violette au milieu de la vie, dans une allée plus calme et comme anachronique où les plantes se taisent, à l’écoute d’un autre chuintement de fontaine. Des chatons volent sur cet espace encore endormi du jardin et se posent parfois sur une pointe d’herbe, entre les fleurs sages de l’hellébore mauve. Deux merles et trois anémones se racontent sans doute des histoires, quelques pies volent en éventail bichrome entre les branches lisses et encore nues. L’arbre au kiwi s’amuse en courbes espliègles à défier sa route de métal.
A côté de la serre, des pots bien alignés en une armée d’étiquettes comme des pavillons dressés et où le soleil joue encore comme une dernière victoire avant la nuit de mon ombre qui passe et les oublie...
[texte et image: © mgab.]
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viernes, 18 de marzo de 2011
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5 comentarios:
quel bonheur que de se perdre dans ton jardin,on y rencontre tellement de tendresse,de parfums....difficile de franchir les grilles de ce petit paradis qui nous protège de cet autre côté qui est parfois "l'enfer asphalté"
No entiendo casi nada, pero que bien me imagino los blancos de porcelana, las pequeñas flores, las flores menudas, las acrobacias sobre las ramas,las anémonas y el sol en la tarde.
Besitos.
Precioso, estube en uno así en Valencia, me ha recordado. Buf... pura paz.
Intuyo una celebración de la primavera. Intuyo su generosidad. Qué malo es no saber todas las lenguas para entender más.
Por fortuna la tierra nos sobrevivirá. '·P
qué bien teneros a todas, amigas con imaginación hasta para lo desconocido o extraño!
creo que nos mereceríamos todas un paseo por el botánico, sosegado, casi silencioso. o al contrario, repleto de risas y rodeado por los gritos de los niños domingueros..
el botánico es siempre una maravilla,
besos de primavera!
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